Slavomir Kirillovitch Dezrodnov

Description physique :

Son surnom résume à lui tout seul son apparence physique : c'est un vieux loup. Des cheveux argentés coupés courts surplombent un visage laiteux. Ses yeux, d'un gris foncé envoutant, sont le centre névralgique de cette face, et le seul ilot de beauté troublante qui en ressort : le reste est taillé à la serpe, de son menton carré à ses joues creuses, en passant par son nez tordu par on ne sait quel combat de rue. Une vilaine balafre orne le côté gauche de son visage imberbe et inquiétant. Il a toujours une expression indéchiffrable mais menaçante : on ne peut déterminer s'il va éclater de rire ou fracasser le visage de son interlocuteur.
Son corps suit le visage : haute stature, charpenté, et ce petit quelque chose de menaçant qui traine. Un cou de taureau, des épaules musclées, de longs bras que terminent des mains larges et puissantes, un torse athlétique et des abdos en béton, des jambes trapues...Un homme terrien et solide, qui s'est bâti tout seul à force de sang et de sueur. Toute son anatomie est néanmoins marquée par la lutte : cicatrices, torsions, et un léger boitement de la jambe droite. Malgré ces stigmates, il reste un gaillard robuste, et semble inébranlable.
Une myriade de tatouages le recouvrent, des armes de son unités dans l'armée rouge à ceux marquant son grade dans la mafia. Tous sont écrits en russe, ou en slavon, l'ancêtre de cette langue.
D'ordinaire, il est vêtu de costumes sombres et bien coupés, mais la situation lui impose un code vestimentaire moins strict : marcels blancs, treillis ou jeans, rangers et vestes en cuir sont devenus son quotidien.


Description morale :

Qu’on ne s’attende pas à des émotions aussi triviales que la gentillesse ou la pitié de la part de Slavomir, ce n’est pas dans son tempérament. Il s’est forgé tout seul, et à cause de son passé violent et difficile, il estime qu’on lui doit le respect. C’est un homme dur, aussi froid que sa contrée natale et intransigeant sur le respect dû à la ‘Mère Russie’ ou à la ‘famille’.
Il n’est pas violent par plaisir, mais par nécessité. La cruauté gratuite, ce n’est pas son truc : quand un boulot doit être fait, autant que ce soit propre et rapide. Cependant, il se montre sans pitié envers ceux qui le trahissent.
Il est cependant loin d’être une brute sans failles. Il est honteux de son inculture, et son incapacité à comprendre les mots compliqués le plonge dans un état catatonique. Mais ce qui lui pèse le plus est sa solitude : il n’a pas d’amis, pas de femme, juste des subordonnés et des collègues, avec une pute de temps en temps. Cette solitude le ronge : il se sait froid et peu charismatique, et le fait de ne pouvoir changer le renferme encore plus dans ce rôle de robot austère et inamical.

Histoire :

Slavomir Kirillovitch Dezrodnov. Né le 12 janvier 1967 à Kirovgrad, près d’Ekaterinburg, d’une mère femme de ménage et d’un père mécanicien. Sixième enfant de cette famille précaire, il grandit dans un univers d’extrême pauvreté, de violence et d’inculture. Son père, ultranationaliste, fait partie d’un groupuscule raciste, et est fréquemment mêlé à des pogroms et des agressions d’étrangers, ce qui mènera à son incarcération en 1972. Le petit Slavomir a cinq ans : il ne reverra jamais son père, décédé en prison des suites d’une rixe avec des Ouzbèks. Dès lors, il est livré à lui-même. Battu par les petits amis alcooliques de sa mère, raillé par ses frères, il passe la majeure partie de son temps dans la rue, à se battre contre d’autres petits va-nu-pieds et à ramasser les bouteilles de verre pour se faire un peu d’argent. Le comité communiste le récupère sur la chaussée quelques années plus tard : à 11 ans, il ne sait ni lire ni écrire. On le met dans un centre, on le scolarise assez pour qu’il apprenne les bases, mais à 15 ans il s’enfuit, et retourne dans la rue.
Le garçon devient un petit malfrat, volant et rackettant pour survivre. Il fait partie d’une bande, qui l’hébergent et lui apprennent ce qu’ils savent ; cependant, Slavomir n’est pas très doué pour le crochetage de serrures. Qu’à cela ne tienne, il sera celui qui frappe. Violent, amer, il devient une véritable brute. Mais cela ne dure pas longtemps : le jour de ses 18 ans, la police coffre tout le monde. On lui laisse le choix : le goulag ou l’armée rouge. Préférant éviter de passer sa jeunesse à trimballer des cailloux en Sibérie orientale, il choisit l’armée. Il passe désormais sous le joug de sergents instructeurs violents et maltraitants, qui veulent faire de lui un homme qui obéit autant qu’un homme qui sait se battre. Après une année d’entraînement, il devient un vrai soldat de l’armée rouge. On l’envoie, lui et toute son unité, mater une rébellion en Tchétchénie. Les horreurs qu’il voit là-bas le traumatisent, et il est muté au Kamtchatka, à l’extrémité orientale de la Russie, pour une simple mission de surveillance. Avec plusieurs de ses camarades, il met en place un plan pour s’échapper de l’armée et partir aux Etats-Unis. Une nuit, ils quittent le dortoir, assomment plusieurs gardiens et s’emparent d’un bateau. Direction la Californie.
Après trois semaines de navigation, ils atteignent enfin ‘the land of plenty’. Sur les conseils de l’un d’entre eux, ils se présentent aux autorités comme des soldats enrôlés de force dans l’armée rouge et fuyant le communisme. Une batterie de tests plus tard, ils peuvent se faire naturaliser. Désormais, Slavomir est américain. L’un de ses compagnons de route, Piotr, a un oncle émigré aux Etats-Unis. Il fait partie du ‘milieu’ new-yorkais. Les deux émigrés faussent ainsi compagnie à leurs camarades pour rallier NYC, et rejoignent l’ascendant de Piotr, gros bonnet de la mafia russe new-yorkaise. Le jeune homme rallie le milieu en tant que gros-bras : il se spécialise dans les sommes impayées. Il grimpe rapidement les échelons, jusqu’à devenir un ‘lieutenant’ à ses 30 ans. On l’envoie alors à Hawkwood, où les russes ne sont pas encore implantés.
Ainsi commence son règne sur la pègre. Rackets, violences, trafics en tous genres, proxénétisme : ce qu’il n’a pas créé, il le prend. Chef inflexible, il n’hésite pas à mettre à mort lui-même qui le trahit. Se sachant entouré de salopards rêvant de prendre sa place, il ne se fie à personne d’autre qu’à lui-même. La police le traque, mais ne l’attrape jamais : il corromps de nombreux fonctionnaires, l’argent le rend invincible. Mais lorsque l’infection touche ses rangs, c’est la débandade : on tente de l’assassiner plusieurs fois, ses lieutenants se retournent contre lui. Redevenant alors le simple malfrat qu’il était autrefois, il réunit autour de lui une bande de fidèles afin d’éliminer les gêneurs.
C’est tout naturellement qu’il rejoint le clan des pillards, et, tout en se défendant face aux hordes, il en profite pour refaire régner la terreur sur Hawkwood.